Les mots qui trompent : "collaborateur"

A lire le projet d’accord GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) présenté par la Direction, nous ne sommes définitivement plus des « salariés » mais des « collaborateurs ».

Ce choix de la Direction qui consiste à utiliser le mot « collaborateur » 116 fois contre 1 seule fois celui de « salarié », dans un texte de cette nature, est loin d’être innocent.

Nous sommes salariés, nous travaillons pour un salaire et faire croire que le lien de subordination qui nous lie et nous protège aurait disparu, constitue une manipulation des esprits et des comportements.

Si le mot « collaborateur » est de plus en plus employé chez MAAF, c’est dit-on, pour valoriser le « salarié ». Il semble que ce soit le seul argument avoué et dérisoire, parce que s’il s’agit de valoriser -le travail-, les salariés et FORCE OUVRIERE MAAF sont prêts à rappeler des revendications plus concrètes.

Pourquoi une Direction, si professionnelle, veut-elle appliquer un acte juridique majeur comme l’accord GPEC, à des « collaborateurs » qui n’ont pas, en tant que tel, d’existence juridique ?

Faut-il que ce choix des mots revête une importance capitale.

La réalité est que ce mot de « collaborateur » est dans la droite ligne de la notion « d’associé de fait ». Il voudrait nourrir l’idée d’intérêts communs et de décisions partagées au sein de l’entreprise.

Salariés, constatez les "libertés" inacceptables prises par la Direction dans la (non) application de ses engagements : prime d’ancienneté, temps de travail ; Constatez le traitement fait aux assistantes des inspecteurs corporels et aux itinérants avec la réorganisation du réseau agences alors que FORCE OUVRIERE exigeait une participation, si naturelle, des organisations syndicales ; Constatez les mobilisations rendues nécessaires lors des négociations salariales et maintenant contre l’extension des horaires ATLAS.
Constatez, et vous vous demanderez quelle est la part réelle des salariés dans les décisions de la Direction.

Le rôle de l’entreprise est de s’approprier les ressources y compris humaines, au meilleur coût, avec pour seul objectif la productivité, alors que la nécessité pour le salarié est d’améliorer ses fins de mois, de pouvoir se construire et se projeter dans l’avenir.
L’une et l’autre ont le souci de la pérennité de l’entreprise mais les intérêts divergent.

Un contrat nous lie à l’employeur. Un contrat par lequel le salarié accepte, en échange de contreparties, un lien de subordination.
C’est ce contrat de travail qui permet au salarié de revendiquer les protections auxquelles il a droit et de prétendre à l’amélioration de son sort. Le « collaborateur » n’existe pas dans le code du travail.

C’est donc pour nous faire oublier les droits que nous avons sur cette entreprise commune, que le collaborateur soumis par « un bon état d’esprit » voudrait remplacer le « salarié » consciencieux mais revendicatif.

Le collaborateur adhère ou se sépare. Le salarié reste et revendique.

Avec FO, choisissez de rester.